Stella, chanteuse populaire de cabaret électrise chaque soir le public du Paradis. Femme fatale, elle ne sacrifie rien à sa liberté, ni sa vie, ni ses amours. Aleko, jeune homme de bonne famille se meurt d'amour pour elle, mais Stella lui préfère un joueur de football, le fougueux Milto.
Distribution
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Site : www.lostfilmsdistribution.com
Relations Presse
Stéphane Ribola / Cynaps : 06 11 73 44 06
E-mail : stephane.ribola@cynaps.biz
Sortie nationale : 11 Juillet 2012 - en copies neuves VO
(35mm et DCP - masterisation numérique 2K d'après négatif original)
L'histoire
Stella, chanteuse populaire de cabaret électrise chaque soir le public du Paradis. Femme fatale, elle ne sacrifie rien à sa liberté, ni sa vie, ni ses amours. Aleko, jeune homme de bonne famille se meurt d'amour pour elle, mais Stella lui préfère un joueur de football, le fougueux Milto.
Stella
Avec Electre (1960) et Zorba le Grec (1964), Stella (1955) est un des films les plus connus du réalisateur grec Michael Cacoyannis, disparu récemment. Agé de 33 ans, Cacoyannis signe son second film et offre à Mélina Mercouri son premier rôle à l'écran. Stella, une chanteuse de cabaret dont tous les hommes tombent amoureux. Une femme libre, libre de toute convention sociale et morale, libre de choisir ses amants et libre de refuser le mariage à celui qu’elle aime.
Une date dans l’histoire du cinéma grec
A sa sortie en 1955, la quasi totalité de la presse nationale rejette le film : « La vulgarité et le libertinage sont élevés au rang d'héroisme. Cacoyannis, qui reste étranger à notre pays, devrait mieux étudier la réalité grecque ». « Un grossier mélodrame qui célèbre ce que la Grèce a de plus bas, de plus vulgaire et d'arriéré ». « Stella, le rôle d'une prostituée provocante, vulgaire et perverse ». Rares sont les critiques qui défendent l'audace du film et la qualité de la mise en scène ou qui admirent le naturel et la présence physique de Mélina Mercouri.
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En revanche, la présentation du film en compétition officielle au 8e Festival de Cannes (1955) ainsi que le Golden Globe du meilleur film étranger attribué au film valent une reconnais-sance internationale immédiate à son réalisateur et à sa comédienne. Aujourd'hui, Stella s'impose comme l'un des meilleurs films de l’histoire du cinéma grec. Ecrites par Cacoyannis lui-même, ses chansons (Amour devenu une lame à double tranchant), ses répliques (« Stella, va-t-en ! je tiens un couteau ») sont devenues cultes et le film occupe une place inégalée dans le coeur de la population grecque. A sa sortie en 1955, Stella attire plus de 135 000 spectateurs grecs. « Une année exceptionnelle » déclare Michel Demopoulos dans Le Cinéma grec (livre publié pour la rétrospective du Centre Georges Pompidou en 1995). Il continue : « C'est l'année de la mythique Stella de Cacoyannis avec Mélina Mercouri. C'est également l'année de La Fausse livre d'or de Tzavellas, qui est en tête du box-office et de trois adaptations au cinéma la même année de L'Amoureux et la bergère, (…) et c'est aussi l'année de la création à Thessalonique du premier ciné-club ».
Cette période va marquer un tournant dans l’histoire du cinéma grec, avec le développement de la production et l’apparition d’une « nouvelle vague » de réalisateurs. Car une fois le cinéma parlant installé; la guerre, l’instabilité politique du pays et la situation économique précaire avaient retardé le démarrage et la structuration de la production. Malgré ses problèmes d'équipement technique, son manque de crédits et d'encadrement législatif, le cinéma grec d'après-guerre réussit à se développer autour d'un grand studio de production, La Finos Film ou autour de co-productions gréco-égyptiennes (avec la Milas Film). Trois tendances se dessinent dans le cinéma hellène de l'époque : les comédies adaptées de succès théâtraux, les mélodrames, et les « fustanelles » (du nom de l'habit traditionnel que portent les paysans), sorte de pastorales, des drames amoureux qui se déroulent dans la campagne grecque d'autrefois. Plusieurs réalisateurs sous contrat avec la Finos Film s'illustrent dans ces genres très populaires, (les titres parlent d’eux-mêmes !) on peut retenir : les comédies
d'Alekos Sakellarios, Les Allemands reviennent ! (1948), Santa Chiquita (1953) et Pains amour et chansonnettes (1955) ou de Nikos Tsiforos, Viens voir le tonton (1950), La Belle d'Athènes (1954) mais aussi les mélos de Yorgos Tzavellas, Applaudissements (1944), L'Ivrogne (1950) et La Fausse livre d'or (1955). Ce dernier notamment, démontre qu'il a assimilé les leçons de l'italien Raffaello Matarazzo, autre maître du mélo très populaire auprès du public grec de l'époque. Au milieu des années cinquante, la production va connaître un véritable essor et passer d'une quinzaine de films grecs produits en 1954 et 45 millions d’entrées pour atteindre le niveau remarquable de 117 films grecs et 137 millions de billets vendus pour la seule saison 1966-67 ! Quand Stella sort sur les
écrans, Athènes comme Thessalonique compte 14 cinémas de première exclusivité et les distributeurs offrent plus de 300 films étrangers par an (en version originale sans être doublés). Le cinéma est un loisir extrêmement populaire dans un pays qui ne compte que 7 millions d'habitants et les grecs se pressent nombreux dans les salles, surtout en été, dans les cinémas de plein-air.
Aussi parallèlement à cette production classique et populaire, d'autres réalisateurs
influencés par le néoréalisme italien essayent d'ouvrir une voie nouvelle et d'exprimer enfin la réalité grecque sans toutefois rencontrer le succès : Grigoris Grigoriou (Pain amer 1951), Stelios Tatassopoulos (La Terre noire 1952) et Gregg Tallas (Le Bataillon des va-nu-pieds 1954, qui par sa technique et son style rappelle De Sica et Rossellini). C'est dans ce contexte qu'apparait en 1954 un nouveau venu, Michael Cacoyannis qui réalise son premier film, une comédie légère, Réveil du dimanche, tandis que Nikos Koundouros signe L’Ogre d’Athènes en 1956. Ensemble, ils représentent le début d’un nouveau cinéma rompant avec les productions traditionnelles et commerciales des mélos larmoyants ou des farces grossières, offrant une relecture de la société grecque, ignorant le couperet toujours présent de la censure et prenant la liberté d'exprimer leurs vrais problèmes. Les deux réalisateurs continuent de tourner dans les années soixante, rejoints par, entre autres, Robert Manthoulis, Alexis Damianos, Ado Kyrou ou Pandelis Voulgaris. Ceux-ci font leurs premiers pas juste avant que la dictature des
colonels (1967-74) ne vienne stopper net ce mouvement de liberté et de création cinématographique. C'est pourtant pendant cette période de désolation intellectuelle qu'apparaitra un autre grand nom du cinéma grec (disparu tout récemment comme Michael Cacoyannis) : Théo Angelopoulos.
Les plus grands artistes grecs de l’après-guerre
et une ville Athènes
Pour tourner Stella, Cacoyannis s'est entouré de quelques uns des plus grands noms de
la culture grecque d'après-guerre. Le film est adapté d'une pièce de Iakovos
Kambanellis, le "père" du théâtre grec contemporain. Yannis Tsarouchis, chargé des
décors, est considéré comme le plus grand peintre grec du XXème siècle.
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Manos
Hadjidakis est le célèbre compositeur de chansons et de musique « sérieuse » (sa
célébrité est l’égale de celle de Mikis Theodorakis), il écrira quelques années plus tard la
fameuse musique du film Jamais le dimanche de Jules Dassin où Mélina Mercouri chante « Les enfants du Pirée ».
Vassilis Tsitsanis, célèbre compositeur et
joueur de bouzouki, est une légende du « rebetiko » style de chansons populaires que chante Stella dans le film.
Enfin, la chanteuse Sophia Vembo est une grande
figure de la chanson, l’égale d’une Edith Piaf,
ici dans un de ses rares rôles au cinéma, la propriétaire du cabaret Paradis.
Le film entièrement tourné en décors naturels à Athènes offre également un témoignage émouvant d’une ville encore épargnée par l’exode rurale et la fièvre de
constructions anarchiques.
Excepté le centre ville, la place Syntagma devant le Parlement où défile la parade militaire lors de la scène finale, la capitale semble encore un village aux modestes maisons traditionnelles néoclassiques.
C’est dans les quartiers populaires de la ville,
à Plaka, au Pirée ou la plage de Saint Andreas qu’évolue fièrement Stella,
les préférant aux quartiers petit-bourgeois de Patissia où habite Aleko,
le riche amant qu’elle éconduit et de Chalandri où veut l’emmener vivre Milto, son autre amant,
footballeur qu'elle encourage lors d'un match au stade Olympiakos du Pirée.
Le portrait d'une femme libre
dans une tragédie grecque moderne
Stella : « Je veux chanter, danser et faire flamber tous les hommes ! » Dans Stella Cacoyannis développe un thème qui lui est cher et récurrent dans sa filmographie : l'affranchissement féminin.
« En général, dans le mélodrame grec, la femme subit un double esclavage : familial et social. Elle est soumise, incomprise,
bafouée et sévèrement punie si elle commet un adultère. Elle donne avant tout l'image d'un être meurtri,
passif, dominé par l'homme et par sa passion sentimentale. Apathique, elle subit les événements plus qu'elle ne les provoque.
A travers l'image de la femme – de ses silences, ses sacrifices, ses malheurs ou ses « faux pas »
- le cinéma d'après-guerre témoigne de ce profond malaise. Elle ne peut guère qu'être vierge, mère ou « putain ».
Avec (...) les inépuisables actrices des mélodrames, tout ce que ce genre peut avoir de péjoratif devient comme par enchantement extraordinaire; ce qui compte après tout dans le mélodrame c'est le résultat,
c'est-à-dire entretenir l'émotion, l'esthétique de l'étonnement.
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Si la situation de la femme dans la société grecque d'après-guerre relève incontestablement de la dialectique du maître et de l'esclave et si son aliénation s'accompagne d'innombra-bles tabous, il n'en va pas de même des héroïnes des trois films de Michael Cacoyannis (Stella 1955, La Fille en noir 1956 et Fin de crédit 1958) qui échappe à ce cycle infernal grâce à leur effort pour regagner leur dignité humaine. Stella (Mélina Mercouri), Marina et Chloé (Elli Lambetti) sont trois héroïnes
passionnées et fières qui dominent l'oeuvre du metteur en scène, et que leur révolte transforme en êtres exceptionnels dans le panthéon des femmes grecques»
(extrait du chapitre, Le mélodrame grec : « Une esthétique de l'étonnement » par Niki Karakitsou-Dougé - Le Cinéma grec de Michel Demopoulos).
Dans Stella, Cacoyannis inverse le mythe de la mariée vierge en présentant comme héroïne une femme libre qui couche avec les hommes qu'elle choisit, refusant le mariage, allant jusqu'à finalement mourir pour « rester libre ». En se dressant contre les conventions de la société et de la famille, elle porte un coup à la morale bourgeoise et son comportement prend une dimension sociale. Toutefois, Stella ne revendique pas l'émancipation féminine, le droit de vote ou ne s'élève pas contre le système de la dot. Elle refuse juste d'être une femme au foyer réduite à faire la cuisine, la vaisselle ou le ménage. Aussi, malgré sa féménité elle se comporte souvent en homme, défie Milto physiquement, se met sur le passage de sa voiture et fume cigarette sur cigarette (voir la séquence où elle fume, allongée sur son lit après une nuit avec Aleko).Très symboliquement, la date du mariage de Stella avec Milto (qu'elle finit par refuser) est le 28 octobre, une des deux fêtes nationales grecques. Elle est appelée « le jour du Non » pour commémorer le refus de soumission de la Grèce à l'Italie de Mussolini, le 28
octobre 1940. Stella incarne le désir secret de la majorité des femmes grecques de l'époque mais qu'elles n'osent pas vivre parce qu'elles restent dominées. Elle rejette les règles et le carcan de la société patriarcale grecque dans laquelle elle n'a pas sa place, cette société qui la condamne d'avance, la rattrape inévitablement et l'élimine finalement.
Elle est aussi l'instrument de sa propre fin. Sachant qu'elle risque d'être poignardée elle marche malgré tout à la rencontre de Milto, son amant armé d'un couteau et n'hésite pas à lui demander un dernier baiser avant de mourir dans ses bras. Stella est une héroïne tragique condamnée autant par ses contemporains et la société que par le destin lui-même. Un destin inévitable car elle sait que pour effacer l'affront, Milto ne peut que la tuer. Lorsqu'elle rentre chez elle au petit matin et qu'elle voit Milto approcher, elle ne fuit pas. Milto, aprés avoir tué Stella, ne fuit pas non plus. Il prend dans ses bras la seule femme qu'il ait jamais aimée et semble résigné à attendre la police. Stella et Milto passent leur dernière nuit séparément et Cacoyannis les montre chacun de leur côté dansant et cherchant l'oubli dans la danse : elle, dans les boites de jazz et lui, au son traditionnel des joueurs de bouzouki du Paradis. Le montage parallèle saccadé s'accélère montrant que les deux amants sont irrémédiablement liés l'un à l'autre et entrainés vers la mort. La séquence finale montre combien Cacoyannis a été influencé par ses études du théâtre classique grec et préfigure dès son deuxième film le climat tragique qui accompagne toute son oeuvre (notamment dans ses adaptations d'Euripide : Electre 1962, Les Troyennes 1971 et Iphigénie 1977). Le public du Paradis, les camarades de Stella ou plus tard la foule de voisins qui accourent dans la rue pour découvrir Stella mourrante enlacée dans les bras de son amant s'assemblent et commentent les événements comme le choeur antique d'une tragédie grecque.
Une dimension musicale : le rebetiko
Avec Stella, le mélodrame reprend tout son sens étymologique : un drame accompagné de melos, de chant. La chanson n'est plus un simple élément de remplissage, un support mais une alchimie avec le thème du film. Elle renforce l'ambiance émotionnelle et accentue le caractère pathétique des événements qui s'y déroulent. Quand Mélina
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Mercouri-Stella chante : « Amour tu es devenu une lame à double tranchant. Autrefois tu ne me donnais que de la joie. Mais aujourd'hui tu noies la joie dans les
larmes. Je ne trouve pas d'issue, je ne trouve pas de répit » - elle exprime sa déception et son chagrin pour Milto, son amant et prépare le spectateur à un malheur. Si les sentiments s'expriment par les gestes, par les expressions du visage, par les intonations et à travers la formidable interprétation de Mélina Mercouri; ils atteignent leur apothéose à travers la musique de Manos Hadjidakis, à travers les fameux joueurs de bouzouki, Vassilis Tsitsanis et Yannis Stamatiou et à travers les paroles des chansons passionnées écrites par Michael Cacoyannis et interprétées par Mélina Mercouri ou Sophia Vembo. Ce genre de chansons s'appelle le rebetiko.
Le rebetiko est en quelque sorte le « blues grec » comparable dans ses thèmes au tango, au fado et se danse de manière hypnotique (les yeux fermés, le danseur se lève comme appelé, il tourne lentement sur lui-même suivant chaque inflexion de la mélodie). Le rebetiko regroupe une multitude de formes musicales différentes, un héritage musical du début du siècle venant d'Istanbul et de Smyrne (nom ancien d'Izmir), des îles grecques et des musiques continentales. Les rebetika se développent dans les années vingt autour du port du Pirée, dans la banlieue pauvre d'Athènes où se rencontrent les réfugiés d'Asie Mineure et les émigrés des îles grecques ou du continent venus chercher une vie meilleure. L'orientalité des uns et la pauvreté des
autres les excluant des moeurs grecques et d'une société de plus en plus tournée vers un modèle occidental ou américain, ils décident d'évoquer leur désenchantement à travers leurs chansons et avec leurs instruments, à travers : le rebetiko. Dans les bistrots du Pirée où l'on fume le narguilé ou le hashisch, où l'on joue et où l'on boit, naissent ces chansons qui prônent un style de vie marginale et font l'apologie de la drogue ou de l'alcool. A son arrivée au pouvoir en 1936, le dictateur nationaliste Metaxas tente de mater cette expression libertaire en interdisant et persécutant certains chanteurs. Un vrai débat national nait autour de ce genre d'abord mineur et marginal. La presse et l'élite cuturelle prennent parti. Plus tard certains musiciens, comme le grand joueur de bouzouki Tsitsanis (qui dirige l'orchestre dans Stella) n'hésitent pas à sortir des quartiers mal famés pour jouer le rebetiko dans des tavernes plus cossues d'Athènes et l'intégrer réellement à l'identité culturelle grecque.L'errance des noctambules, la douleur des exils et l'apologie de la drogue font place ensuite dans les années cinquante au romantisme, à l'échec amoureux et à la douleur
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de la séparation : le rebetiko évolue et touche un public plus large. A l'entrée du cabaret Paradis où chante Stella, on peut lire : « Le Paradis présente Anneta et la célèbre Stella, toutes les chansons sur la vie, l'amour, la mort qui reflètent l'âme du peuple grec ». Au début du film, il est clair qu'Aleko
(Alekos Alexandrakis) le prétendant de Stella, issu de la bourgeoisie, vient s'encanailler au Paradis. Il va non seulement retrouver Stella, au grand regret de sa soeur et de toute sa famille mais aussi s'immerger dans l'humanité de cette culture populaire dont il ne fait pas partie. Lorsqu'elle adopte des codes qui ne sont pas les siens, mais ceux de la culture américaine (importée par le cinéma ou la musique) Stella se coupe de ce qu'elle est vraiment : une femme grecque. Le premier soir au Paradis, elle reproduit un nouveau numéro qu'elle a vu dans un film américain.
Elle porte un costume ridicule, éxécute une nouvelle danse sur la musique d'un disque qui saute et dans la lumière d'un projecteur qui n'arrive pas à la suivre correctement. Par contre elle triomphe vraiment devant son public
en reprenant son tour de chant habituel et le rebetiko accompagnée par l'orchestre traditionnel de bouzoukis du Paradis.
Michalis - Michael Cacoyannis
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Michael Cacoyannis est né le 11 juin 1922 à Limassol. Après des études classiques, dans la lignée de son père avocat connu de Chypre, il part étudier le droit à
Londres. Quand la guerre éclate, il est engagé comme producteur de radio dans le cadre des émissions de la BBC à destination de la Grèce. Il s'inscrit à l'Ecole centrale d'art dramatique, tout en suivant les cours de mise en scène de l'Old Vic School. En 1946, il fait ses débuts d'acteur en interprétant le rôle d'Hérode dans Salomé d'Oscar Wilde et se met en scène en Caligula dans la pièce de Camus. En 1951, il abandonne le théâtre et écrit en anglais son premier scénario inspiré du roman grec de Kosmas Politis, Eroïca (étude psychologique et romantique sur l'adolescence).
Ne trouvant pas de producteurs anglais, français ou américains, Cacoyannis revient en Grèce et s‘installe à Athènes pour se consacrer au cinéma. S'inspirant de la réalité grecque et influencé par des comédies françaises (Le Million de René Clair) ou néoréalistes italiennes (Dimanche d'août de Lucianno Emmer), il écrit Réveil du dimanche (1954) et confie les
premiers rôles à Elli Lambetti et Dimitris Horn, qui forment alors le couple-vedette du théâtre grec.
Ne trouvant pas de producteurs anglais, français ou américains, Cacoyannis revient en Grèce et s‘installe à Athènes pour se consacrer au cinéma. S'inspirant de la réalité grecque et influencé par des comédies françaises (Le Million de René Clair) ou néoréalistes italiennes (Dimanche d'août de Lucianno Emmer), il écrit Réveil du dimanche (1954) et confie les
premiers rôles à Elli Lambetti et Dimitris Horn, qui forment alors le couple-vedette du théâtre grec.
C'est une comédie légère qui enchaine quiproquos et querelles autour d'un billet de loterie gagnant, perdu par une jeune fille, volé par des enfants, et atterrissant dans les mains d’un jeune homme. Les extérieurs sont tournés à Athènes et les intérieurs en Egypte aux studios de la Milas Film, pendant une tournée théâtrale de la troupe Horn-Lambetti. D’un ton enjoué et naturel, le film est un véritable hymne à Athènes et connait un vif succès; la critique salue « la justesse du trait et l'habileté de l'écriture filmique ». Réveil du dimanche est sélectionné au Festival de Cannes et ouvre le Festival d’Edimbourg (où il obtient une mention).
Michael Cacoyannis tourne alors Stella (1955), qui distribué dans le monde entier, devient Stella femme libre pour sa sortie française, en avril 1957. Il confie à Mélina Mercouri son premier rôle cinématographique, celui d'une chanteuse de cabaret à l'âme libre qui ne veut se soumettre ni aux conventions sociales, ni au joug de l'amour.
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Pour Cacoyannis, « c'est l'histoire d'une femme gaillardement libre qui aimait avoir des amants, qui était absolument sincère tant que durait son amour et qui ne
faisait aucun cas de l'argent, femme dont les gens ne pouvaient comprendre la mentalité et qu'ils considéraient comme une prostituée. J'ai pensé que cette femme est trop digne dans toute l'acception du terme et que c'étaient les conditions sociales qui la faisaient prendre pour une prostituée». (dans Découverte du
cinéma grec d'Aglae Mitropoulos – édition Cinéma Club Seghers). Stella refuse d'appartenir à un seul homme, fait l'amour quand il lui plaît et elle finit par mourir poignardée par celui qu'elle aime et qui l'aime mais qu'elle refuse d'épouser. Présenté au festival de Cannes en 1955, des critiques comme André Bazin
et Jean de Baroncelli trouvent la fin de Stella « digne de la tragédie ». Le film fait grande impression, même si la Palme d'or est décernée au film américain Marty, de Delbert Mann.
Ultime production Milas Film (qui avait produit Réveil du dimanche), Stella est tourné en décors naturels à Athènes, de jour et de nuit (pour les scènes chantées du cabaret). Le style néoréaliste se fait encore plus manifeste quand le chef opérateur Costas Theodoridis et les acteurs se mêlent à la foule athénienne « le jour du Non ».
Mélina Mercouri ne joue pas Stella, elle est Stella, dans un jeu dépouillé et sans complexe alors que Georges Foundas, très représentatif de la virilité du peuple grec, impose l'archétype de l'homme franc et honnête.
Le film suivant, La Fille en noir (1956), une étude de moeurs autour de l'honneur de la famille, est tourné sur l’île austère d’Hydra. Michael Cacoyannis retrouve le couple du Réveil du dimanche : Elli Lambetti et Dimitris Horn. Celui-ci joue un jeune et riche athénien en vacances, tombant amoureux d’une fille en noir mélancolique, devenue la risée de tous depuis que sa mère, veuve depuis dix ans, a pris un amant. Le réalisateur dénonce la pesanteur de la tradition dans la province grecque : l'oppression des femmes, le poids du deuil et les interdits rendant impossible toute réelle relation
homme-femme. Ce film marque le début d’une grande collaboration entre Cacoyannis et Walter Lassaly, le chef opérateur du jeune cinéma anglais (Lindsay Anderson, Tony Richardson et Karel Reisz). Il tourne à ses côtés à six reprises : l'année suivante pour Fin de crédit, puis Notre dernier printemps, Electre, Zorba le Grec et Le jour où les poissons sont sortis de l'eau. Comme Stella, le film est présenté à Cannes et remporte à Hollywood, le Golden Globe du film étranger.
Pour Fin de crédit (1958), Cacoyannis retrouve son actrice fétiche Elli Lambetti. Elle incarne Chloé, une jeune fille de bonne famille poussée par sa mère à se marier à un riche soupirant pour sauver les siens de la ruine. Responsable de la mort de la fidèle domestique de maison, elle emmène le garçon muet de celle-ci en pélerinage à Tinos où un double miracle se produit : l'enfant retrouve la parole et Chloé la foi en la vie. S'il est encore question de l'honneur de la famille, Cacoyannis aborde l'étude des couches populaires de la société et de leur vérités. Le film commence dans l'atmosphère bourgeoise de villas et des restaurants chics d’Athènes pour finir au milieu de la foule des pèlerins, lors de la fête très caractéristique de la Vierge sur l'île de Tinos, qui comme Lourdes attire chaque année, des milliers de fidèles. Si Fin de crédit fut un échec commercial, un critique du Times n'hésita pas à la sortie du film à comparer Elli Lambetti à Greta Garbo.
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Après avoir abordé la réalité grecque par le biais de l'étude de moeurs, d'abord sous la forme de la comédie dans son premier film Réveil du dimanche puis
du drame dans les trois suivants, Stella, La Fille en noir et Fin de crédit, Michael Cacoyannis à partir des années soixante, se tourne vers l'adaptation d'écrivains anciens ou modernes (les grands tragiques) pour mieux mettre l'accent sur leur profonde universalité.
Comme Fin de crédit, L'Epave (ou Il relitto 1960) est une description de la bourgeoisie. Une production Warner, tournée à Rome, avec Van Heflin, Franco
Fabrizi et Elli Lambetti (mariée alors à Frederic Wakeman, l'auteur du roman dont est tiré le film). Cacoyannis essaye sous forme de flashback de décrire l'ennui et le vide d'un couple moderne de grands bourgeois riches et oisifs.
Un homme, accroché à l'épave de son bateau de plaisance avec son fils, évoque sa vie ratée et réalise qu'il doit vivre pour sauver son enfant. Le réalisateur rencontre des difficultés avec ses producteurs pour mener à bien ses ambitions artistiques, alors qu'il détruisait l'ordre chronologique des épisodes de la vie de son héros, ses producteurs préfèrent le rétablir pour construire un récit mélodramatique et baigné de sentimentalisme.
Notre dernier printemps (ou Eroïka 1961) est l'adaptation du roman éponyme de Kosmas Politis, très influencé par Le Grand Meaulnes d'Alain Fournier.
Tourné en anglais en décors naturels dans la petite ville de Nauplie et avec de jeunes comédiens amateurs, il s'agit d'une évocation de l'adolescence, de la découverte du monde et de la vie, de l'amour et de la mort. Comme L'Epave ce film est un nouvel échec contrairement aux deux suivantes
réalisations de Cacoyannis qui marquent l'apogée de sa gloire.Avec Electre (1962) Cacoyannis révèle le talent d'une comédienne hors pair : Irène Papas, avec qui il va tourner à plusieurs reprises. Le film obtient le Prix spécial du Festival de Cannes et l'Ours d'argent au Festival de Berlin, et vaut une nouvelle
reconnaissance internationale à son auteur. Cette adaptation est un modèle de transposition de tragédie antique à l'écran, à la fois par sa fidélité à l'esprit et au texte du poète et aussi par son traitement cinématographique (la photographie noir et blanc de Walter Lassaly et la musique de Mikis Theodorakis). « Cacoyannis a réussi l'impossible » écrit dans Le Monde Jean de Baroncelli; et Jean-Jacques Gauthier dans Le Figaro, souligne dans ce film « la qualité de la langue cinématographique utilisée sous sa forme la plus pure ». Pourtant on raconte que le choix de l'Electre d'Euripide serait le fruit du hasard.
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Cacoyannis serait rentré dans une librairie pour acheter l'Electre de Sophocle et en serait sorti par erreur avec celle d'Euripide. Dans l'histoire du cinéma, le nom de Michael Cacoyannis reste à tout jamais associé à un film : Zorba le Grec (1964). Comme le nom d'Anthony Quinn reste lié au presonnage, Alexis
Zorba créé par l'écrivain crétois, Nikos Kazantzakis en 1946. Dans cette production 20th Century Fox, Basil (Alan Bates) un jeune écrivain anglais qui vient d'hériter de son père d'une mine de charbon, fait la connaissance de Zorba au moment de prendre un bateau du Pirée vers la Crète Sur l'île, il loue une chambre d'hôtel à une française Madame Hortense (Lila Kedrova), embauche Zorba comme chauffeur et tombe sous le charme d'une belle veuve (Irène Papas). Basil ne jure que par ses lectures et ses principes d'intellectuel alors que Zorba vit le moment présent avec sourire et innocence.
Malgré leurs différences, les deux hommes se lient d'amitié jusqu'à entamer dans la séquence finale, au bord de la mer une dernière danse frénétique, le célèbre sirtaki accompagné par la musique de Theodorakis, qui comme le film connut un succès mondial considérable.
Film culte, sept fois nominé aux Oscars, Zorba le Grec en remporte trois : meilleur actrice dans un second rôle, Lila Kedrova, meilleur photographie, Walter Lassaly et meilleure direction artistique, Vassilis Photopoulos.
Ce succès permet ensuite à Cacoyannis de s'essayer à une farce didactique autour du nucléaire, Le Jour où les poissons sont sortis de l'eau (1967) accompagné d'une distribution grecque et internationale (Tom Courtenay et Candice Bergen).
Le réalisateur dessine même les costumes de son premier film en couleurs.
Comme beaucoup d'artistes et intellectuels grecs, il va s'exiler pendant la dictature des colonels (1967-74).
En Espagne, Cacoyannis tourne une nouvelle adaptation d'Euripide, Les Troyennes (1971) en réunissant autour de lui un casting féminin prestigieux : Katharine Hepburn (Hécube), Geneviève Bujold
(Cassandre), Irène Papas (Hélène) et Vanessa Redgrave (Andromaque).
Comme Electre, Les Troyennes évoque l'impuissance de l'homme (ici des femmes) face aux dieux, au destin, mais aussi la révolte contre la tyrannie et la condamnation de la guerre.
Ce plaidoyer se poursuit dans le documentaire, Attila 74 (1975). Témoignage contre l'oppression turque sur l'île de Chypre (où est né Cacoyannis) qui entraîna 6000 morts et 2500 disparus.
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La caméra parcourt les camps de réfugiés et le metteur en scène raconte et analyse les faits à travers les témoignages de gens simples et de personnalités grecques.
Iphigénie (1977) est le dernier volet de sa trilogie adaptée d'Euripide. Irène Papas brille à nouveau en Clytemnestre, mère éplorée d'Iphigénie (Tatiana Papamoschou) qu'Agamemnon doit sacrifier pour assurer à sa flotte, les vents favorables qui le mènent vers Troie.
Yorgos Arvanitis, chef opérateur attitré de Théo Angelopoulos signe la photographie. Sweet country (1986) est en phase cette fois-ci avec la réalité contemporaine puisque le film se déroule au Chili sous la dictature de
Pinochet.
Changement de registre avec la comédie, Sens dessus dessous (1993) avec Irène Papas qui révèle le nouveau visage d'Athènes, réponse à son premier film Réveil du dimanche presque quarante ans après.
L'ultime réalisation de Michael Cacoyannis est une adaptation de La Cerisaie (1999) de Tchekhov. Evocation des derniers feux d'une aristocratie : à la fin du 19e siècle en Russie, Lioubov, séduisante veuve (Charlotte Rampling) revient dans son domaine familial et retrouve ses deux filles, son frère (Alan Bates) et sa somptueuse cerisaie en floraison qu'elle redoute de perdre à cause d'un amant qui l'a ruinée.
En 2003, Michael Cacoyannis crée à Athènes, la fondation privée qui porte son nom afin de développer et promouvoir le cinéma et le théâtre.
Toute sa carrière de cinéaste même en exil, il ne cesse de mettre en scène au théâtre, Les Troyennes (New York 1964 Paris 1965), Les Diables (New York 1966), Les Bacchantes(Comédie Française 1977), Zorba (Broadway 1983) et à l'opéra, Le deuil sied à Electre (New York 1967), La Bohème (New York 1972) et La Traviata (Athènes 1982).
Michael Cacoyannis meurt le 25 juillet 2011, suite à des problèmes cardiaques.
Mélina Mercouri la femme née grecque
Mélina Mercouri est la fille d'un député maire d'Athènes, ville où elle est née le 18 octobre 1920.
Elevée par des gouvernantes françaises, elle apprend le français et l'anglais en même temps que le grec et fait ses études au collège allemand d'Athènes. Mariée à vingt ans, elle coupe les ponts avec une famille conservatrice et bourgeoise, pour suivre les cours de l'Ecole dramatique du Théâtre national grec.
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Pendant l'occupation allemande, elle est élève au conservatoire et comédienne débutante sur les planches. La critique remarque rapidement sa formidable présence sur scène et sa beauté bouleversante.
En 1949, elle rallie la troupe athénienne du Théâtre d'Art et le metteur en scène Karolous Koun qui ne jure que par
Stanislavski. Mélina y campe deux héroïnes de Tennessee Williams, Blanche Dubois dans Un tramway nommé Désir et Alexandra Del Lago dans Doux oiseau de jeunesse, puis Jenny dans l'Opéra de quat'sous de Brecht. Au début des années cinquante, elle joue à Paris deux pièces de Marcel Achard, Le Moulin de la galette (avec Yvonne Printemps mise en scène de Pierre Fresnay 1951) et Les Compagnons de la marjolaine (avec Arletty mise en scène d'Yves Robert 1952).
1955 est une année capitale pour Mélina Mercouri. A trente cinq ans elle fait ses débuts au cinéma avec Stella et rencontre l'homme de sa vie : Jules Dassin.
Réunis tous les deux pour le 8e Festival de Cannes : Mélina présente le film de Michael Cacoyannis et Dassin, Du rififi chez les hommes, une production française qui marque pour lui, le début d'une nouvelle carrière aprés avoir fui le maccarthysme hollywoodien.
Ils ne se quittent plus, se marient quelques années plustard, il la fait tourner dans chacun de ses films et ensemble ils créent leur société de production : Melina Film.
Celui qui doit mourir (1956) adapté du Christ recrucifié, roman de Nikos Kazantzakis marque leur première collaboration.
Cette production française tournée en Crète met en scène dans les années vingt un petit village grec qui reconstitue la fête de la Passion alors quil est occupé par les Turcs. Mélina est Katerina, une belle veuve à qui le pope confie le rôle de Marie Madeleine. Dans La Loi (1958) d'après un roman de Roger Vailland, Marcello Mastroianni et Yves Montand qui prétendent imposer leur loi dans un petit port du sud de l'Italie se disputent une femme : Gina Lollobrigida. Pierre Brasseur et Mélina Mercouri font aussi partie de la distribution.
Avec Jamais le dimanche (1959) le couple Dassin-Mercouri connait un triomphe international. Manos Hadjidakis et sa chanson « Les enfants du Pirée » remportent un oscar alors que Dassin reçoit deux nominations (meilleur réalisateur et meilleur scénario original) et Mélina celle de la meilleure actrice (après avoir reçu le prix d'interprétation au festival de Cannes). Ce film, dans lequel Jules Dassin joue un américain fasciné par la culture grecque et qui va s'éprendre d'une prostituée, reflête leur liaison et leur amour d'un pays : la Grèce. Il offre à Mélina l'occasion d'interpréter à nouveau son propre personnage. Ilya dans Jamais le dimanche est une autre Stella. Insouciante, croqueuse d'hommes (son coeur balance encore pour Georges Foundas, le Milto de Stella), elle
évolue encore dans un quartier populaire (au Pirée) mais surtout elle a ici plus de chance que l'héroïne tragique de Cacoyannis.
Dans les années soixante le réalisateur et son actrice fétiche tournent trois films ensemble. Phaedra (1961) est une adaptation moderne de l'Hyppolyte d'Euripide. Mélina est la femme d'un armateur (Raf Vallone) qui s'éprend de son beau-fils (Antony Perkins qui joue l'Hyppolyte en question). Mikis Thedorakis en signe la musique. Topkapi (1964) tourné en Grèce, en Turquie et à Paris est un « heist movie » une comédie de cambriolage dans laquelle un casting international (Mélina Mercouri, Maximillien Schell et Peter Ustinov) s'attaque au célèbre musée d'Istanbul pour dérober le plus gros diamant du monde. Cette fois, Hadjidakis en compose la musique. Leur film suivant 10h30 du soir en été est une adaptation de Marguerite Duras tournée en Espagne avec Romy Schneider et Peter Finch, Mélina joue l'épouse alcoolique de celui-ci.
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Quand le coup d'état militaire, qui marque le début de la dictature des colonels (1967-74) éclate, le couple est à Broadway pour Ilya Darling une comédie musicale adaptée de Jamais le dimanche.
Alors exilés, ils tournent en France une adaptation du roman de Romain Gary, La Promesse de l'aube (1970).
Dans leurs
déplacements internationaux, ils se font le chantre de la résistance grecque à la dictature mais à force de la dénoncer et de prendre position pour son pays, Mélina Mercouri se voit priver de sa nationalité.
C'est de cette blessure que nait son fameux cri : « Je suis née grecque et je mourrai grecque.
Mr Pattakos est né dictateur et il mourra dictateur ».
Je suis née grecque devient en 1971 un livre dans lequel elle revient sur sa vie de femme et d'artiste.
Elle y raconte « son long amour avec la Grèce, avec le soleil grec, les collines grecques, la mer grecque et le peuple grec si digne et si vivant malgré sa misère ».
De retour après la chute de la dictature, il semble naturel pour la petite fille d'un maire d'Athènes (période entre deux guerres) et la fille d'un député, d'entamer une carrière politique.
En 1978 Mélina Mercouri est élue députée socialiste pour le Pasok du Pirée (le mouvement panhellènique socialiste) puis devient Ministre de la Culture à deux reprises (1981-89 puis 1993-94).
Pendant toutes ces années elle se bat notamment pour le retour des frises du Parthénon exposées au British Museum.
Aujourd'hui encore la Fondation Mélina Mercouri continue de s'occuper de la préservation des monuments grecs antiques.
Après son retour en Grèce, son engagement politique l'éloigne progressivement du cinéma et Mélina ne tourne presque plus.
A deux reprises sous la direction de Jules Dassin : The Rehearsal (1974) et Cri de femme (1978).
Pour ce dernier film en commun, elle interprète une comédienne grecque qui, s'apprêtant à jouer Médée d'Euripide, part à la rencontre d'une Médée en chair et en os : une américaine (Ellen Burstyn) emprisonnée parce qu'elle a tué ses trois enfants pour se venger d'un mari adultère.
En dehors de Stella et de toutes les réalisations de Jules Dassin, Mélina Mercouri tourne régulièrement pour d'autres productions internationales : Gipsy de Joseph Losey (1957); Le Jugement dernier de Vittorio De Sica (1961);Vive Henri IV, Vive l'amour de Claude Autant-Lara (1961); Les Vainqueurs de Carl Foreman (1963); Les Pianos mécaniques de Juan Antonio Bardem (1965); D pour danger de Ronald Neame (1966); Gaily Gaily de Norman Jewison (1969); Once is not enough de Guy Green (1975) et Drôles de manières de Michael Lindsay-Hogg (1977).
Mélina Mercouri meurt des suites d'un cancer du poumon à New York le 6 mars 1994.
Manos Hadjidakis
Manos Hadjidakis est né le 23 octobre 1925 à Xanthi dans le nord-est de la Grèce et très tôt il apprend le piano, le violon et l'accordéon. En 1932, il s'installe avec sa mère divorcée et sa soeur à Athènes. La mort accidentelle de son père et l'arrivée de la guerre l'obligent à faire plein de petits métiers tout en continuant d'étudier la musique. En 1943, il rencontre son mentor Nikos Gatsos et commence à écrire pour le répertoire contemporain dans des mises en scène de Karolos Koun au Théâtre d'art d'Athènes (La Ménagerie de verre, Un tramway nommé désir de Tennessee Williams, Antigone de Jean Anouilh ou Mort d'un commis voyageur d'Arthur Miller).
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Après l'occupation allemande, la tragédienne Marika Kotopouli a l'audace de lui proposer de composer pour le théâtre autour de la trilogie d'Eschyle,L'Orestie (responsabilité laissée d'habitude à des compositeurs plus académiques).
C'est à cette époque en 1945, qu'il rencontre pour la première fois Mélina Mercouri, collaboratrice régulière et amie de toute une vie.
Il fait ses débuts au cinéma pour le film Free Slaves (1946) et écrit Pour un petit coquillage blanc (1947), sa première pièce pour piano (qui restera sa favorite).
En 1948 Hadjidakis donne une conférence musicale sur le « rebetiko » un style de chanson populaire souvent méprisée.
Il démontre l'importance, la qualité et la simplicité de cette musique traditionnelle et ébranle le monde de la musique officielle grecque de l'époque.
Il met en pratique sa théorie et adapte plusieurs rebetika au piano sous le titre, Six folklore paintings (1951) permettant à un plus large public de découvrir une musique qui, selon lui, n'est pas seulement touristique.
Manos Hadjidakis mène toute sa vie de musicien une double carrière.
Alternant chansons populaires, musiques de film et compositions « plus sérieuses » (pour piano ou orchestre, pour le théâtre, l'opéra ou le ballet).
Dans les années cinquante, il compose à la fois un ensemble de pièces pour voix et piano, Le Cycle C.N.S (1954) tout en poursuivant son travail théâtral pour les grandes tragédies d'Euripide ou d'Aristophane ou en écrivant les musiques du Songe d'une nuit d'été, du Roi Lear et d'Othello pour le Théâtre National grec.
La même année, en 1959, il peut à la fois rencontrer et entamer une longue collaboration avec Nana Mouskouri (son interprète idéale, selon lui) tout en créant et conduisant l'Athènes Expérimental Orchestra.Au cinéma, il écrit pour un grand nombre de films grecs : L'Agnès du port (1952) et La Fausse livre d'or (1955) de Tzavellas; Stella (1955) et Fin de crédit (1958) de Cacoyannis; Ville magique et L'Ogre d'Athènes de Koundouros (1956) et Maddalena de Dimopoulos (1960). Sa partition pour Jamais le dimanche (1960) de Jules Dassin et la chanson « Les Enfants du Pirée » interprétée par son amie Mélina Mercouri, font rayonner la musique grecque dans le monde entier. Récompensé d'un Oscar pour ce film, Elia Kazan contacte Hadjidakis pour la musique de America, America (1963) et
l'année suivante il retrouve Dassin pour accompagner le suspense du cambriolage de Topkapi (1964).
Parti en 1966 pour suivre à New York, la comédie musicale, Ilya Darling (adaptation pour Broadway de Jamais le dimanche) il va séjourner et travailler aux EtatsUnis et en Europe pendant ses années d'exil et d'opposition à la dictature des colonels.
C'est à New York au début des années soixante-dix que son intérêt pour la pop music donne naissance à quelques-uns de ses plus beaux albums : Reflections (avec le New York Rock & Roll Ensemble), Rhythmologie (composé pour piano seul), Magnus Eroticus (chansons écrites d'après les poètes grecs anciens et modernes) et surtout Le Sourire de La Joconde (célèbre compilation produite par Quincy Jones). A cette époque, il se lie
d'amitié pour le jeune Nicola Piovani (qu'il va recommander plus tard à Fellini, à la mort de Nino Rota pour composer la musique de Et vogue le navire).
En France, il compose la remarquable bande originale de Sweet Movie de Dusan Makavejev (1974) mais aussi la musique d'A la recherche de l'Atlantide (1977), série de documentaires signés Jacques Cousteau.
De retour en Grèce à la fin de la dictature, il participe activement à la vie publique et culturelle de son pays : à la tête de l'Orchestre national d'Athènes (1975-77), de l'Opéra national (1975-82) et de la radio nationale (1975-81).
Toujours soucieux de promouvoir la musique grecque, Manos Hadjidakis anime dans les années quatre-vingt des festivals de musique en Crète et à Corfou, il crée en 1985 Sirius, une maison de disques et dirige le magazine culturel Tertaro (1986-87).
Il fonde en 1989 l'Orchestre des Couleurs pour présenter des morceaux peu joués par les formations symphoniques
classiques et en reste le chef d'orchestre, jusquà sa mort le 15 juin 1994.
Il laisse derrière lui une discographie riche de plus d'une cinquantaine d'albums.
Revue de presse à la sortie du film
(…). Le jeune réalisateur Michael Cacoyannis avait présenté en 1954 à Cannes Réveil du dimanche, son premier film, une oeuvre pleine de promesses qu'il tient aujourd'hui. Servi par quelques excellents acteurs, il a su montrer une Athènes pittoresque et grouillante, sans rapports avec les prospectus touristiques. Une danse dans une auberge du Pirée, l'achat d'un piano au marché aux puces, un pique-nique dans une forêt de pins, les pauvres faubourgs où les blanches colonnes se mêlent aux masures, et dix autres épisodes possèdent un charme et une authenticité attachants. Dans leur convention et leur recherche des effets faciles, les scènes de meurtre ou d'amour témoignent pourtant d'une réelle personnalité. Retenons donc désormais le nom de Michael Cacoyannis. Retenons aussi que dans un pays où les conditions d'expression sont comparables à celles de l'Espagne, un cinéma national est vraisemblablement en train e naître. D'après certaines nouvelles, un néoréalisme grec naîtrait actuellement à Athènes. Stella, hirondelle qui ne s'élève rarement au-dessus du populisme, est dans un Festival le premier signe d'un printemps peut-être prometteur.
Georges Sadoul – Les Lettres Françaises – 6 mai 1955 (…).
Sans doute ce scénario doit-il être replacé dans un contexte social et moral qui nous est étranger. La situation de la femme en Grèce, sans être jamais l'objet du film, est sous jacente à cette histoire. Mais par la grâce d'un style qui ne faiblit jamais tout au long du film, Cacoyannis a élévé à la hauteur de la tragédie ce qui aurait pu n'être qu'un sordide drame réaliste. Stella est la proie d'une passion et la victime d'une fatalité comme Phèdre, Hermione ou Agripine. Elle est la soeur de ces Atrides, dont l'orgueil et la passion déchirent l'âme et ensanglantent les légendes antiques. (…). La façon dont Cacoyannis a dans certains plans enlaidi la belle Mélina Mercouri est exemplaire. Cette laideur alternant avec l'arrogante beauté de Stella est l'oeuvre bouleversante de la passion. Puisqu'on se pose parfois la question, je dirais que Stella, grâce à son metteur en scène, a une âme, que la mort parvient seule à libérer d'une prison de chair et d'orgueil.
Janick Arbois – Radio cinéma télévision – 19 janvier 1958
Cannes 28 avril. Il y a ce soir un homme heureux à Cannes. Il s'appelle Michael Cacoyannis et il est grec; il est aussi l'auteur d'un film intitulé Stella, dont la présentation hier après-midi a provoqué une surprise. (…) Cacoyannis a le don de diriger ses comédiens. Dans Stella il a insufflé son talent à des débutants ou, ce qui est pire, à des acteurs inexpérimentés. De l'un deux, Melina Mercouri, qui n'avait jamais tourné et qui pour ses débuts abordait un rôle terriblement dangereux, il a fait une vedette. Encore une fois, Stella est un ouvrage trop imparfait pour figurer au palmarès de Cannes. Mais à cause de trois ou quatre morceaux (la scène des joueurs de bouzoukis, le pique-nique ou le final) c'est un film dont nous nous souviendrons. Et si j'étais producteur je noterais sur mes tablettes le nom de Michael Cacoyannis.
Jean de Baroncelli - Le Monde - 29 avril 1955
Bibliographie
- Découverte du cinéma grec, Aglae Mitropoulos – édition Cinéma Club Seghers.
- Le Cinéma grec, sous la direction de Michel Demopoulos (rétrospective Centre Georges Pompidou 1995) – édition cinéma/pluriel colection dirigée par Jean-Loup Passek.
- Portraits d'Athènes, catalogue sous la direction de Babis Kolonias (rétrospective Forum des Images 2004).
Remerciements particuliers
La Fondation Michael Cacoyannis à Athènes – Yannoulla Wakefield et Emily Braun.
La fondation dispose d'un théâtre de 330 places, d'un cinéma de 120 places, d'une salle polyvalente de 68 places, d'une salle d'exposition, de 2 bars, d'un restaurant et d'une boutique.
http://www.mcf.gr/en/foundation/
Affiches de la première sortie du film
Sources iconographiques - Remerciements
La Fondation Michael Cacoyannis et L'Iconothèque de la Cinémathèque française.